DELIVER US THE MOON extérieur Sol cratère Reinhold
DELIVER US THE MOON extérieur Sol cratère Reinhold

[TEST]Deliver Us The Moon – La Lune et le Doigt

Deliver Us The Moon rattrape un peu en sensibilité ce qu’il échoue à proposer en gameplay et en surprise. Une histoire de soft SF pas très originale enfouie sous un gameplay souvent laborieux, c’est à peu près ce à quoi il faut s’attendre dans ce jeu narratif d’aventure / exploration matiné de puzzles et de plateforme.

Jeu : Deliver Us The MoonGenre : Aventure -action / Indépendant / SFStudio : KeokeN Interactive Editeur : Wired Productions Distributeur : Just for Games Date de sortie digitale : 24 avril 2020 Plateformes : PlayStation 4 et Xbox One, versions physiques et Nintendo Switch 14 août 2020 Age : 12+ Prix conseillé : 29.99€

DELIVER US THE MOON découpage
DELIVER US THE MOON découpage

Dans un futur relativement proche, alors que la Terre est à court de ressources d’énergie, l’humanité décide d’exploiter une ressource lunaire, l’hélium 3, en le convoyant via un complexe sophistiqué qui transmet cette précieuse trouvaille via une installation à micro-ondes, la MPT (non, pas de jeu de mot, svp), dont le rayon est dirigé vers la planète bleue. Mais au bout de quelques années, le faisceau disparaît, laissant les habitants de la Terre démunis face à la soudaine pénurie énergétique et en proie aux interrogations quant à ce qui a déconné sur la Lune. Après avoir rassemblé leurs derniers efforts, un petit groupe de scientifiques s’apprête à y envoyer, via une ultime fusée, un astronaute qui aura la lourde tâche de découvrir ce qu’il s’y est passé et si possible d’y relancer la grande machine.

DELIVER US THE MOON transmission
DELIVER US THE MOON transmission

Deliver Us The Moon – Objectif Nul

Le manque d’originalité de Deliver Us The Moon ne vient pas tellement du genre emprunté, la science-fiction pseudo-réaliste, mais plus de cette histoire déjà vue des dizaines de fois, de Vanquish à The Cloverfield Paradox, en passant par Interstellar. Mais en opérant plus proche du réalisme d’un Gravity que de l’onirisme d’un 2001, Odyssée de l’Espace, les scénaristes se retrouvent obligés de pimenter la platitude de leur récit en le truffant de rebondissements, qui s’avèrent malheureusement presque tous téléphonés, et en lui adjoignant la perspective d’une histoire familiale complexe qui se veut explosive, mais qui, là aussi, tombe dans les clichés du genre sur sa quasi totalité. Seules les quelques dernières minutes de l’aventure finissent par créer un intérêt tardif en insufflant au récit une atmosphère crépusculaire qui sauve un peu la face sur la ligne d’arrivée.

DELIVER US THE MOON sortie timée
DELIVER US THE MOON sortie timée

Désastronaute

Il faut dire qu’on observe avec beaucoup d’attention le scénario de Deliver Us The Moon, faute de pouvoir se raccrocher un gameplay solide. Le jeu de KeokeN Interactive fait ce qu’il peut pour donner le change, en alternant les vues à la première et à la troisième personne, en variant les phases de plate-forme, de puzzles à base de codes à trouver, d’objets à déplacer, de réseaux électriques à réactiver… Mais tout est d’une molesse et d’une lenteur incroyable. Si cette apesanteur se justifie lors des passages où on est en extérieur, elle est par contre vite pénible en intérieur. Surtout quand les sauvegardes automatiques incessantes provoquent des freezes toutes les 2 minutes. Et encore, s’il n’y avait que les freezes, mais si vous avez le malheur de mourir alors qu’une save auto a été effectuée lors du passage d’une porte, vous y resterez coincé en respawnant, et n’aurez d’autre choix que de recommencer tout le niveau. Pas besoin d’attendre les sauvegardes hasardeuses pour se retrouver pris au piège du décor. A la moindre occasion où vous pousserez un peu trop l’exploration des environnements, vous aurez une chance sur deux de rester séquestré par une caisse, un mur ou un tuyau qui vous enfoncera dans le sol. Pas le choix dans ces cas-là non plus : Il faut recommencer tout le niveau.

La Face (Trop) Cachée

Dans ces conditions, difficile d’apprécier les quelques libertés que propose Deliver Us The Moon. Alors que l’on déroule les séquences holographiques qui nous raconteront les points clefs de l’histoire, poussées par des doubleurs français caricaturaux, on peine à se passionner pour la mutinerie inattendue qui a sévi dans les lieux, mais on espère autant qu’on appréhende de tomber au bout d’un moment sur quelqu’un de vivant. On résout les énigmes en espérant qu’elles deviennent plus compliquées (ça commence seulement vers la toute fin), on scanne des tables et des chaises, on prie pour que notre personnage saute au bon moment, ne se coince nulle part et pour que la physique alambiquée du jeu soit magnanime avec nous. Par instants, on se surprend à apprécier le très bon sound design du jeu et à frissonner devant l’atmosphère particulière de la grande station spatiale. On ressent même une certaine fierté à voir le chemin parcouru depuis notre arrivée sur la Lune. Et puis on reste prisonnier d’un habitacle de train parce qu’on a eu le malheur de vouloir voir à quoi il ressemblait de plus près, et il faut recommencer tout le niveau 5. On a sincèrement envie d’arriver au bout de Deliver Us The Moon, mais c’est malheureusement plus pour échapper aux injustices de son gameplay bancal que pour connaître le fin mot de l’histoire.

DELIVER US THE MOON hologramme histoire
DELIVER US THE MOON hologramme histoire

Moon Bug

Sans ces frustrations liées à l’instabilité du gameplay et sa propension à vouloir s’aventurer dans des genres que le studio ne maîtrise carrément pas, le jeu pourrait être une balade agréable et joliment tendue à travers les étendues lunaires. La séquence d’infiltration au milieu des drones, par exemple, est un véritable calvaire tant la réactivité est nulle, Les quelques virées en « scarabée », un rover trop sûr et surtout trop lent, sur le sol poussiéreux de la Lune, en empêchant soigneusement toute cascade motorisée amusante (impossible de sauter vraiment sur les dunes), sont d’une tristesse absolue. Quand par miracle on arrive à jouer vingt minutes sans qu’un bug ne vienne nous déranger, on prend même un certain plaisir à voir s’enchaîner ces péripéties, certes très classiques, mais plutôt bien mises en scène.

Tel le sage, Deliver Us The Moon fait beaucoup d’efforts pour nous montrer la Lune, mais tel l’imbécile, on est souvent en incapacité de voir autre chose que le gros doigt levé d’une technique loin d’être à la hauteur.

Vous pouvez dès à présent précommander Deliver Us To The Moon sur PS4, Xbox et Switch