Mini Métro

[TEST] Mini Métro

Rassurez-vous : j’ai apaisé mon addiction pour Dorfromantik. À la place, j’ai développé une franche dépendance pour Mini Métro, qui partage avec le jeu de tuiles quelques caractéristiques qui expliquent, j’imagine, que je me sois encore faite avoir.

Jeu : Mini Métro Genre : simulation Studio : Dinosaur Polo Club Editeur : Dinosaur Polo Club Date de sortie : 6 novembre 2015 Plateformes : Switch, PC, iOs, Android, PS4 Prix conseillé : 8,19€  solo Testé sur : PC Steam
Mini Métro : début de partie
Mini Métro : début de partie (Londres).

Le jeu a été développé par le studio au  nom le plus cool du monde : le studio Dinosaur Polo Club. Il est sorti en 2015 sur PC mais sachez qu’il ne sera jamais démodé, jamais has-been. Depuis, il a été porté sur iOs, Android, Nintendo Switch et PS4. Conçu par les jumeaux Robert et Peter Curry, il a lui aussi été conçu lors d’une game jam, celle de Ludum Dare en 2013. Le thème, cette année-là, était le minimalisme.

De ce côté, c’est réussi : Mini Métro est archi-minimaliste. L’esthétique du jeu reprend la charte graphique des cartes de métro, notamment celui de Londres, conçu en 1933 par un de ses employés, Harry Beck, avec des lignes qui sont des lignes et les arrêts de petites formes géométriques. Les passagers sont eux-mêmes représentés par des formes géométriques, à savoir la forme de la station qu’ils souhaitent rallier.

Le plan du métro de Londres par Harry Beck, 1933.

On obtient un jeu très lisible, avec ses lignes de couleur sur fond blanc, uniquement rehaussé par le tracé des fleuves et rivières calqués sur celles des villes dont s’inspire le jeu. Le but est simple : emmener tous ces petits citoyens là où ils le souhaitent, sans les faire trop attendre. Chaque semaine in-game, vous avez le choix de débloquer de nouveaux wagons, de nouveaux ponts (ou tunnels) ou de nouvelles lignes, pour maintenir un trafic le plus fluide possible.

DES MINIMÈTRES DE VOIES

Franchement, ça ne me faisait pas forcément rêver. Il est où l’intérêt de construire des voies pour que des centaines de pauvres gens aillent s’aliéner dans leur travail mal payé, dans des transports en commun qui concentrent à la fois toutes les odeurs et tous les germes imaginables  (et je ne parle même pas des pickpockets) ? Alors oui, je tiens en piètre estime la politique de mobilité française, mais ça ne me donnait pas forcément envie de démontrer que j’étais capable de faire mieux !

En plus j’ai des skills niveaux spatialité pas top-top et rien que l’idée d’une foule qui se déplace, j’ai des vapeurs de misanthropie qui me collent la migraine. Bref, qu’est-ce que je suis allé faire dans ce merdier ??

J’avoue, je ne sais plus bien comment il s’est retrouvé dans ma wish-list, mais je me souviens bien, en revanche, qu’une âme charitable me l’a offert pour le nouvel an. Depuis, comme pour Dorfromantik, il n’y a plus eu de jour sans Mini Métro.

Comme pour le diabolique jeu de tuiles, vous saisissez rapidement les petites subtilités du jeu : les stations rondes sont les plus communes, puis viennent les triangles et les carrés. Les formes géométriques plus complexes (pentagones, étoiles, croix…), elles, sont, uniques sur chaque carte. Très vite, vous maudissez les stations rondes, vous espérez les carrés et vous répartissez, la tête froide, les formes complexes sur l’ensemble des lignes car elles ont tendance à provoquer des bouchons. Mais surtout, surtout, vous évitez à tout prix de former la plus odieuse des inventions humaines : une station type Châtelet, où toutes les lignes se croisent et qui se remplissent plus vite que la vessie d’un amateur de bière un jour de Hellfest.

Mais contrairement à Dorfromantik, ce jeu vous veut du mal : très vite, chaque ligne est sous tension. Vous frôlez la catastrophe en permanence et quoique les parties soient assez courtes, vous passez 90% du temps à éponger, dériver, repenser, corriger. Il y a de plus en plus de monde, de plus en plus de stations (certaines changent même de forme au fil du temps), quel enfer !

VIENS PRENDRE TA MINIDOSE

Alors, si j’ai tant souffert, qu’est-ce qui m’a retenue, me direz-vous ? Eh bien, l’exercice mental proposé par ce petit jeu, tout simple et diablement malin.

Chaque carte offre un exercice différent, avec une topologie mais aussi des contraintes différentes et chaque partie est unique. Le jeu se prend facilement en main mais il nécessite un peu d’application pour être vraiment maitrisé (mais si tu veux, j’ai fait ici un ptit tuto vidéo pour comprendre comment dépasser le millier de passagers). Vous vous surprenez à expérimenter diverses configurations (et si je doublais certaines lignes ? Et si je faisais une boucle ? Et si j’utilisais une petite ligne rapide pour relier toutes les autres ? Et si je faisais un grand périph avec carrément des trains, avec plein de wagons ?) et à les éprouver dans le mode sans fin de votre carte préférée, mode où il n’y a pas d’échec, seulement des paliers d’efficacité (à savoir le nombre de passagers pris en charge à l’instant T).

Il y a également un mode création où vous pouvez vous demander ce qui se passerait s’il n’y avait qu’une seule station ronde, dans un monde de stations complexes. Ah et il y a le défi quotidien aussi, qui vous permet de vous mesurer au reste du monde, mais attention : seule votre première partie s’affichera au tableau des scores…

Plus vous jouez et plus vous débloquez de cartes, plus vous validez de nouveaux défis. Bientôt, le mode Difficile ne vous fera plus peur et pourtant il devrait : toute ligne posée est définitive et chaque locomotive ou wagon est collé à sa voie sans pouvoir être déplacé. Enfin, vous allez pouvoir vivre votre vie en assumant tous vos actes : savourez vos regrets, hurlez de remords !

Bref : c’est marrant.

Et c’est joli aussi. Les couleurs des lignes, les petites formes qui popent et qui sautillent quand elles s’impatientent… Mais surtout, la musique ! Il s’agit d’une musique adaptative conçue par Richard Vreeland (aka Disasterpeace) où chaque donnée du jeu « sonne » : chaque ligne, chaque passager, chaque wagon qui se déplace, chaque station qui apparait et même chaque semaine a son propre son ! La fin d’une partie est une délicieuse cacophonie d’usagers en stress et de locomotives qui défilent, en vain, pour éponger le surplus de passagers.

CONCLUSION

Il n’y a jamais assez de wagons. Ou alors il y a trop de stations rondes, je ne sais pas. Ce que je sais c’est que les petites mécaniques minimalistes de Mini Métro raviront les amateurs de process optimisés, mais aussi les filles un peu paumés comme moi, qui mettent aussi peu que possible les pieds dans un vrai métro (et même dans une vraie ville). Ce puzzle monomaniaque se joue aussi bien en dilettante qu’en mode try-harder, vous pouvez y consacrer du temps ou pas… il vous maltraitera comme vous êtes.

Pour info, et parce que je vois bien que vous aimez vous faire du mal, sachez que le studio Dinosaur Polo Club a sorti un avatar automobile de Mini Metro, nommé Mini Motorways… Comment ça vous n’avez jamais rêvé de construire des ronds-points ou concevoir des parkings ??

Direction artistique
9
Gameplay
9
Musique, sound design
8
Challenge
9
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0
Des parties uniques
Une foule de contenu qui se débloque au fil des parties
Des challenges marrants et ardus
Un délire monomaniaque
8.8