OEPD-Strange-Brigade-Caverne

Séance de test sur Strange Brigade

Fin juillet, le studio Rebellion Developments a choisi un sous-sol climatisé de la capitale pour présenter, bien à l’abri de la canicule, son nouveau bébé multijoueur en coopération : Strange Brigade. Les journalistes présents ont donc pu s’essayer au mode solo sur un des premiers niveaux du jeu, à la coopération sur un chapitre plus avancé et enfin au mode « Score Attack », un défi coop basé sur le skill et la performance de l’équipe.

Le jeu part d’un postulat assez simple, raconté avec humour, tout à fait conscient de n’être qu’un prétexte à dézinguer du zombard pendant des heures : Un groupe d’aventuriers spécialisés dans l’archéologie et le surnaturel (la fameuse Brigade de l’Étrange) apprend qu’une déesse égyptienne ancienne a pris la fâcheuse décision de sortir de son sommeil ancestral pour organiser une flashmob générale sur les terres des pharaons. Leur sang ne fait donc qu’un tour et ils décident de se lancer à sa recherche pour contrecarrer ses plans.


Strange Brigade est chargé d’une énergie remarquable qui prend une vraie dimension quand il est joué en coopération. Ses graphismes léchés et son esthétique années 30 rigolarde et inspirée en font un théâtre très propice au déferlement d’action que le jeu projette en face des joueurs avec une habileté certaine. La campagne solo n’a pas oublié de garnir les différents niveaux de mini-énigmes et autres salles secrètes regorgeant de gemmes servant à améliorer vos armes, mais ce n’est qu’en compagnie d’autre joueurs que les terrains bardés de pièges variés et de recoins alambiqués déploient leur vrai potentiel. Les multijoueurs des derniers Uncharted viennent immédiatement à l’esprit quand on commence à arpenter les étendues peuplées de créatures hostiles de Strange Brigade. Les mouvements des personnages, les fusillades intenses où s’entremêlent les explosions colorées des pouvoirs magiques, les armes spéciales ne durant que le temps de leur chargeur unique, les décors tout droit sortis d’un Indiana Jones, tout est là pour nous plonger dans un univers d’aventure fait pour laisser libre court à notre imagination. Mais la comparaison avec Uncharted ne reste pas en tête très longtemps : l’upgrade des armes, la souplesse du gameplay, les attaques ultimes plus régulières et surtout son aspect coop profondément inscrit dans l’ADN du jeu donnent à Strange Brigade une réelle identité qui s’affranchit de ses modèles évidents. Le nouveau jeu de Rebellion a comme argument massue cette façon très sincère de se fixer des objectifs simples tout en mettant en œuvre le nécessaire pour les concrétiser. En découle un soft axé principalement sur le fun, qui soumet tout le reste de ses composants à la seule et unique dictature du golri.

De la pure aventure avec des énigmes, des pièges et un bestiaire varié


Les multiples pièges éparpillés à travers les niveaux, à base de flammes, de piques sortant des murs ou du sol, de troncs d’arbres suspendus, de fosses camouflées, et de scies circulaires taquines rendent l’expérience très fertile en surprises diverses. Le nombre également assez varié d’ennemis ajoute à la fraîcheur générale du titre : on y croisera du zombie de base, de la momie, du scorpion géant, des demi-dieux plus coriaces, dont des mini-boss ne pouvant être vaincus que par des techniques plus subtiles impliquant leurs points faibles. Aucun aspect individuel de Strange Brigade n’est foncièrement révolutionnaire ou particulièrement original, mais la somme de ces parties, ainsi agencées, avec intelligence, bon sens et habileté, en fait un jeu admirablement efficace, tout du moins au sein du genre spécifique du TPS coop.

N’allons pas non plus jusqu’à passer sous silence les quelques défauts du jeu. L’arsenal à disposition des joueurs est pour commencer très limité. Si les développeurs promettent que les DLCs à venir, dont les gratuits, introduiront de nouvelles armes, on devra pour l’instant se contenter d’un fusil à levier, deux SMG à la précision très relative et un pompe classique. Par ailleurs, l’aspect « sac à PV » de nombreux ennemis croisés en route n’est pas dérangeant sur une session courte comme celle où nous étions conviés, mais on peut légitimement se demander si ça ne risque pas de faire grincer des dents sur de plus longues parties. On déplore également une certaine rigidité dans l’animation des personnages principaux, dont les torses semblent très solidement fixés dans le même axe que les reins, leur donnant un petit côté trop raide dans leurs déplacements, comme pouvait l’être Geralt dans The Witcher : Wild Hunt (dont les développeurs nous expliquait qu’un des animateurs avait rejoint leur équipe, comme quoi…).

Strange Brigade le pari du coop à la franche rigolade


L’équipe de Tim Jones a visiblement réussi une grande partie de son pari avec Strange Brigade, mais la grande question reste de savoir si l’expérience coop du jeu va tenir sur la longueur sans tomber dans une répétition qui pourrait lasser. Le ton rigolard et le recul décalé qu’entretient le semblant de narration avec la forme décomplexée du titre ont tendance à conférer à Strange Brigade une sympathie qui aide à voir le jeu pour ce qu’il est : un défouloir à partager avec ses amis où l’idée de pulvériser meute après meute après horde après vague après boss servira de base à un rituel balistique agréable. Mais nous ne pourrons juger de la solidité et de la variété réelle du titre qu’une fois les mains posées sur la version finale. Ce qui est sûr, c’est que le level design à lui seul est déjà un atout tout à fait indéniable du jeu. Avec ses zig-zags, retours en arrières, portes cachées et sa verticalité ingénieuse, rappelant par moment les niveaux d’un Dark Souls, Strange Brigade s’offre un terrain de jeu qui pourrait bien être la star du jeu. Alexandru Birzanu, Technical Level Designer sur Strange Brigade tenait beaucoup à ce que les équipes du level design dont il était en charge de mettre en place l’aspect technique des idées, aient le champ libre : « Nous disions aux équipes de se lâcher, de s’autoriser toutes les idées qui leur passaient par la tête, que je ferais tout ce que je pourrais pour que nous les validions au niveau technique. Et ça a été le cas pour la grande majorité. » Il en va de même pour les séquences un peu plus « effrayantes » du jeu. « Le directeur du jeu me disait que ce n’était pas forcément possible au niveau temps d’inclure les moments flippants dans le déroulement des niveaux. Il m’a dit : tu as une semaine pour essayer d’en faire un, si tu n’y arrives pas, on laisse tomber. J’en ai mis trois en une semaine, et quand je lui ai demandé si je pouvais avoir 3 semaines supplémentaires pour en mettre sur chaque niveau, il a finalement accepté. »

En conclusion


Avec un prix un peu élevé en regard de son aspect presque purement coopératif, 50€ pour le jeu et 35€ pour le season pass, il n’est pas sûr que le calme de l’été au niveau sorties de jeux vidéo suffise à Strange Brigade pour s’imposer dans un genre où la concurrence est déjà assez féroce (notamment en free-to-play), mais il est évident que la proposition, tant au niveau stylistique que gameplay, de Strange Brigade est un vrai plus et une potentielle bonne claque de fun pour cette rentrée…

Strange Brigade sort le 28 août 2018 sur PC, Xbox One et PS4 et déjà disponible en pré-commande sur le Shop Just For Games