Romance three kingdoms xiv 3 generaux
Romance three kingdoms xiv 3 generaux

Romance of the Three Kingdoms XIV : Guerre épaisse

Romance of the Three Kingdoms XIV est le dernier volet d’une saga créée par Koei en 1989. Cela fait donc plus de trente ans que les joueurs peuvent revivre par le biais de ces jeux de stratégie à grande échelle les événements historiques qui ont secoué la Chine médiévale des IIe et IIIe siècle, à l’époque des fameux trois royaumes (Wei, Shu et Wu). Cette période, qui regorge d’affrontements guerriers massifs, a été décrite sous toutes les coutures par l’historien Chen Shou au IIIe siècle tout au long de son “Roman des Trois Royaumes”, pilier de la littérature historique en Chine, repris ensuite par d’autres auteurs qui se servaient de ces romans fleuves pour dresser un portrait historique ultra-détaillé bien que très fictionnalisé des événements de cette époque clef de l’histoire chinoise.

Le cinéma et le jeu vidéo trouvent dans ce matériau historique une source très riche d’inspiration. De Total War : Three Kingdoms, le jeu de Creative Assembly publié par Sega l’an dernier au long film Three Kingdoms de John Woo en 2008, en passant par la série mandarine San Guo, commencée en 2010, le paysage audiovisuel actuel continue de se nourrir de ces aventures épiques traditionnelles.

Romance three kingdoms xiv concept
Romance three kingdoms xiv concept
Jeu : Romance of the Three Kingdoms XIV Genre : Simulation / Stratégie sur fond d’événements historiques Studio : Kou Shibusawa Distributeur : KOEI TECMO Europe / Koch Media Date de sortie : 28 février 2020 Plateformes : Playstation 4, PC (Steam)

Romance of the Three Kingdoms, 30 ans de jeux de stratégies historiques et pointilleuses

Le pari des jeux Romance of the Three Kingdoms est de mettre le joueur aux commandes de ces batailles rangées titanesques, en lui soumettant la gestion très poussée de toute une série de paramètres, allant du moral des troupes au trésor public en passant par la nomination d’administrateurs, la gestion des récoltes, la construction de baraquements, le recrutement de personnalités locales, la recherche d’artefacts, l’entraînement des soldats, etc. Sur cet aspect gestion, il ne fait aucun doute que la marge de manœuvre et le souci du détail, tout comme l’entremêlement soigné et délicat de tous les facteurs laissés à l’appréciation du joueur, font de Romance of the Three Kingdoms XIV une des simulations les plus poussées actuellement sur le marché.


Les amateurs maniaques des réglages fins, les control freaks qui veulent maîtriser jusqu’aux moindres aspects du champ de bataille en auront ici pour leur argent. Chaque équilibre décidé est voué à être bousculé à un moment ou à un autre. Les choix stratégiques, qu’ils soient simples et essentiels comme rester pour faire fructifier une petite zone ou risquer d’envoyer des troupes en conquérir une plus grande, quitte à laisser sa ville “noyau” sans protection, ou beaucoup plus tactiques, vous lanceront sur des courbes de progression selon lesquelles il sera difficile de faire marche arrière en cas d’erreur. Car si le décorum historique est profondément chinois, l’esthétique du jeu, elle, est profondément japonaise.

Les graphismes, les voix, l’organisation des menus sont typiques du pays du soleil levant. Cet amalgame, qui vous fera entendre les dirigeants militaires chinois s’exprimer par de grandes exclamations japonaises, peut paraître un peu perturbant sur les premiers instants. Mais en termes de gameplay, le mélange est plus naturel : les positionnements à mettre en ordre sur les cartes du jeu sont fortement inspirés du jeu de Go, ce jeu de plateau qui aurait vraisemblablement vu le jour en Chine vers le 8e siècle avant JC, avant d’être révisé dans sa forme actuelle au Japon au XVe siècle puis réintroduit tel quel en Chine à partir de cette époque. Des pierres noires et blanches, à placer sur un plateau en grille, où le principe est de construire des zones à protéger et de couper la communication entre les positions ennemies, système retranscrit avec beaucoup d’astuce dans le gameplay du jeu, où un ennemi, en traversant simplement votre territoire, coupera vos lignes de ravitaillement.

Romance of the Three Kingdoms, un univers graphique pauvre

Ce gameplay stratégique, aux doubles origines, est une base symbolique très intéressante dans son rôle d’interprète ludique de cet héritage historique guerrier. Seulement voilà, malgré la richesse de sa formule et le détail extrême de ses mécaniques, Romance of the Three Kingdoms XIV s’avère très pauvre dans son exécution technique et graphique.

À l’exception de rares petites séquences cinématiques illustrant les duels entre chefs de troupes et autres micro-événements ponctuels, le déroulement global d’une partie est tout bonnement soporifique. Toutes les interactions entre les personnages, y compris les parties narratives, sont illustrées avec de simples dessins inertes, sur lesquels sont collés un bout de voix qui ne pourra servir que d’encouragement à lire les innombrables textes vous décrivant la situation, ou vous scriptant les échanges des personnages. Même au plus fort des affrontements, vous ne pourrez que regarder deux icônes remuer vaguement l’une à côté de l’autre en changeant de couleur.


Le jeu vous transmettra la dimension épique de la situation en vous affichant quelques indications sur les attaques spéciales utilisées par les généraux, sans que vous n’ayez jamais le loisir de voir ces fameuses attaques. La destruction des villes est simplement illustrée avec une animation basique en mode 16 bits, et tous les déplacements ou attaques ont la même allure (la vitesse varie selon les actions demandées, mais c’est tout). Alors, il faut peut-être faire partie des partisans hard-core du genre et de la saga pour apprécier à sa juste valeur un jeu comme Romance of the Three Kingdoms XIV, mais même un joueur enthousiaste de jeux de stratégie ou de gestion aura du mal à trouver beaucoup de plaisir devant l’austérité visuelle du titre et son parfum bon marché de jeu mobile. Même si la maîtrise progressive des approches stratégiques proposées peut se révéler gratifiante quand on commence à s’y retrouver, la mise en scène catatonique du jeu empêche tout émerveillement ou même la moindre surprise, et provoque surtout une grosse sensation d’ennui.

Romance of the Three Kingdoms XIV prévoit déjà des mises à jour dont les voix chinoises ajoutée en mars.

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