Rad Rodgers – Retour vers les Nineties

Sorti en septembre 2016 sur PC grâce à une campagne Kickstarter ayant récoltée plus de 80.000$ (alors qu’il ne visait que les 50.000), Rad Rodger débarque 6 mois plus tard sur les consoles PS4 et Xbox One. Et distribué par Just For Games Ce « run & gun » développé par le Slipgate Studio se revendique comme un hommage aux jeux de plateformes des années 90 tels que Jazz JackRabbit ou Conker. Mais à trop vouloir donner dans le trip nostalgique, ne risque-t-on pas de développer un jeu qui sent le réchauffé ?…

L’histoire de Rad Rodger est aussi développée et profonde que celles des titres dont il s’inspire. On a tout de même droit au début du jeu à une cinématique nous expliquant tout le Schmilblick.

Rad, un jeune garçon d’une dizaine d’années, adore jouer aux jeux vidéos. Un soir, alors que sa mère lui hurlait dessus pour éteindre sa console et aller se coucher parce qu’il avait école le lendemain (çà sent le vécu…), Rad se retrouve aspiré par sa télévision et débarque alors dans le monde des jeux vidéos. Terrible époque que les 90’s, où chaque écran cathodique pouvait s’avérer être un piège mortel, pour peu que le soit le héros d’un jeu vidéo/dessin animé/film/cornemuse.

Pour l’aider à arpenter l’univers dans lequel il s’est fait happer, notre héros peut compter sur deux aides précieuses. Tout d’abord, Dusty, sa vieille console de jeu (doublée par Jon St John, alias Môsieur Duke Nukem quand même !), bavarde et grossière au possible, mais capable de donner des coups de poings et s’accrocher aux rebords des plateformes et à certaines barres. Et bien entendu, un gros flingue pour canarder un peu tout ce qui bouge ! Car ça ne serait pas vraiment un jeu des années 90 si on ne confiait pas une arme à feu à un gamin de 10 ans, juste parce que ça fait cool (et oui, « cool » était encore un mot cool à cette époque).

On notera également l’usage d’un vocabulaire très grossier et des blagues vraiment bas du front. Il est d’ailleurs possible d’activer un mode « enfant », censurant les gros mots et les effets de sangs lorsque l’ont tire sur les ennemis. Je n’ai absolument rien contre l’usage d’un tel jargon (les dialogues de GTA ponctués de « fu… » sont pour la plupart mémorables), mais j’ai trouvé qu’ils n’apportaient vraiment rien au jeu. Les phrases prononcées par les PNJ étaient inutilement vulgaires et sans aucune subtilité. Les différentes références à d’autres jeux, à la culture 90’s ou les dialogues brisant le 4ème mur, font tout au plus sourire, mais tombent le plus souvent à plat.

 Un mode "Enfant" permet de censurer le sang et le vocabulaire fleuriAspiré par sa TV !

Manette en main, manette de vilain

Côté jouabilité, le déplacement de Rad se fait au stick gauche et le tir s’oriente grâce au stick droit. Le tir ne s’enclenche qu’en appuyant sur la touche R2. J’aurai préféré un tir s’enclenchant dès l’orientation du stick droit comme on peut le voir dans des run & guns plus « récents » comme Bleed par exemple. Cependant le rythme assez lent du jeu fait qu’on s’emmêle rarement les pédales dans les contrôles du personnage.

Le personnage est plutôt lent, pas de double saut, pas de wall jump, pas de dash… De ce coté là, Rad est vraiment « à l’ancienne », bien que ce genre de fantaisies dans les déplacements étaient déjà présents dans de nombreux titres 90’s (Haaa… Megaman-X)

Il est possible de modifier l’arme de Rad en ramassant des items. Mention spéciale au lanceur de phénix enflammés ou encore le rayon de la mort rose bonbon offrant un spectacle pyrotechnique spectaculaire à chaque tir. Pas d’autres upgrades, ni de possibilité de faire évoluer son personnage ou ses accessoires au court du jeu.

J’avoue avoir ressenti un certains ennuis en parcourant les niveaux de ce jeu. Les mondes s’enchainent sans trop de difficulté. J’ai trouvé que les rares tentatives de renouveler le gameplay (plateformes mouvantes, caisses explosives, ressorts à la Sonic The Hedgehog) ont déjà étés vues milles fois dans d’autres jeux. Peut-être s’agit-il d’une forme d’hommage aux jeux dont le titre s’inspire, mais j’ai pour ma part pris cela comme un manque d’originalité flagrant.

Le bestiaire que nous affrontons n’est guère plus varié, avec un nombre d’ennemis différents ne dépassant pas la dizaine et se ressemblant presque tous. De plus ces ennemis suivent des patterns extrêmement simples et prévisibles. On aurait d’ailleurs vite compris qu’il suffit de se mettre dans un coin de l’écran et d’abuser de notre pistolet pour dézinguer tout ce beau monde de loin, sans aucun risque, avant de parcourir les niveaux.

Saluons tout de même la tentative de varier le gameplay avec les phases où l’on prend directement le contrôle de Dusty. Il s’agit de petits niveaux en mode labyrinthe que l’on devra parcourir sans toucher les bords et les objets flottants dans l’air afin de « débuger » des éléments de décors dans le monde où progresse Rad (plateformes absentes, rochers bouchant un passage, etc… ). Ces petites phases, sans être extrêmement originales, ont le mérite de casser un peu la monotonie du reste du jeu.

Les plus courageux pourront également rechercher les nombreux items cachés dans chaque monde (diamants, vies supplémentaires, etc. ). Il y a même 18 chapeaux différents à récolter et pouvant être équipés par Rad (ma préférence allant pour le face-hugger d’Alien)

 

 

Mes yeux saignent devant tant de couleurs


Côté graphisme, Rad Rodgers en met plein la vue. Un peu trop peut-être justement.

La profondeur de champs dans les décors est impressionnante pour un simple jeu de plateforme et la palette de couleurs utilisées a de quoi déclencher une crise cardiaque à un caméléon. C’est simple, je suis incapable de me souvenir de quelle couleur étaient les ennemis rencontrés tant leurs teintes arc-en-ciel écorchaient mes rétines.

Cette surcharge de détails nuit gravement à la visibilité globale du jeu et m’a plus fatigué les yeux qu’émerveillé.

 

Radicalement court


Avec ses 8 niveaux (+ quelques stages bonus), le jeu se finit assez vite. La courbe de progression est en revanche catastrophique avec les 6 premiers niveaux ressemblant à une promenade de santé et ses deux derniers, punitifs et frustrants au possible. Je me suis à un moment demandé si cette difficulté soudaine était volontaire, me rappelant des jeux des années 90 ou les derniers stages étaient parfois à la limite du jouable pour un enfant normal.

Une conclusion radicale


Peut être ne suis-je pas le public que visait ce jeu. Après tout, comme son nom l’indique, il s’agit avant tout d’une expérience « rad »-icale : On vous a vendu un jeu de plateforme 90’s, c’est un jeu de plateforme 90’s. Rien de plus, rien de moins.

Même si j’ai passé un moment sympathique sur ce titre, il m’a laissé un goût quelque peu amer en bouche. Là où des jeux comme Super Meat Boy ou Braid avait su renouveler et faire revivre le jeu de plateforme tout en rendant hommage aux classiques de notre enfance, à trop vouloir se rapprocher des titres dont il se veut l’héritier, Rad Rodgers ne propose finalement rien d’original ni de nouveau.

Je ne peux finalement pas m’empêcher de me demander s’il ne vaut pas mieux jouer directement à un jeu des années 90. Je recommande tout de même Rad Rogers aux accros des jeux de plateforme à l’ancienne qui recherchent une expérience quasi identique à celle de leurs vieux jeux, avec leurs qualités et leurs défauts !

Dépêchez-vous car il est vite parti sur le catalogue Just for games