Bayonetta Bundle Bayonetta Vanquish 10th anniversary Bayonetta first
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Bayonetta : un combo d’une autre époque

Huit ans après avoir livré le premier Devil May Cry et en avoir laissé l’exploitation à Capcom qui en avait déjà tiré 3 suites à l’époque, Hideki Kamiya nous présentait sa petite sœur : Bayonetta.

Bien qu’il n’en fit jamais l’aveu, les deux jeux, ayant chacun connu des suites, pourraient très bien se dérouler dans le même univers, en plus de partager un même ADN de gameplay. Qui a déjà joué à un Devil May Cry a donc déjà compris comment fonctionnait Bayonetta, et la plupart des commentaires qui suivent sur le gameplay sont également valables pour la plupart des Devil May Cry. Le beat them all sorti fin 2009 au Japon et début 2010 chez nous comprend tout ce qu’on en attend et même un peu plus.

Bayonetta,Umbra Corporation

Bayonetta est une sorcière, et pas vraiment du genre assise sur un balai avec un poireau sur le nez et une longue cape noire, plutôt du genre tenue moulante, jambes interminables (mais qui se terminent quand même à un moment, sur des talons aiguilles équipés de flingues). Avec ses lunettes d’institutrice sévère, ses cheveux fous (littéralement, hein, ses cheveux font des trucs de dingue) et son pendentif couvrant son décolleté pour former un esthétique croissant de lune, Bayonetta est une amazone du surnaturel, une beauté fatale gothique, qui se retrouve engagée dans la lutte ancienne qui oppose deux clans : le sien, les sorcières de l’Umbra, garantes de l’obscurité et celui des sages de Lumen, agents de la lumière.

Après avoir régné en paix sur le monde pendant des milllénaires, les deux factions se livrent désormais une guerre sans merci (littéralement, ils ne se disent jamais merci, j’ai vérifié…). Mais les souvenirs personnels de Bayonetta sont plutôt flous. A-t-elle vraiment tué le père du sympathique Luka, ce journaliste un peu paumé, quand l’archéologue l’a découverte dans un cercueil au fond d’un lac vingt ans plus tôt ? Et qui est cette mystérieuse Jeanne qui semble la connaître et vouloir l’affronter ? Et cette petite fille, Cereza, qui lui ressemble étrangement… Qui est-elle en réalité ? Qui est le plus fort entre un guépard et une loutre ? A l’exeption de cette dernière question, toutes les autres trouveront des réponses dans les 16 chapitres de l’histoire de Bayonetta.

Bayonetta, Cheveux De La Bagarre

Comme pour les Devil May Cry, vous commencerez modestement dans le monde de la baston. Armée de deux paires de guns, une aux pieds (les fameux talons aiguilles) et une dans les mains, Bayonetta aura tout loisir de flanquer des roustes monumentales aux anges du Lumen qui viendront imprudemment se mettre sur son chemin.

Entre les enchaînements pied-poing, cheveux, poing en cheveux, talons aiguilles en cheveux et tout le tintouin, vous aurez déjà en main une solide palette de combos à caler dans les gencives de vos ennemis ailés dès le démarrage, mais l’arsenal et l’éventail des coups se développeront au fur et à mesure que vous rendrez visite à Rodin votre ami démon, patron d’un petit bar heavy metal, qui se fera un plaisir d’aller échanger les disques vinyles que vous trouverez sur votre route contre des armes encore plus puissantes.

Au bout de quelques améliorations, Bayonetta pourra esquiver dans toutes les situations, se changer en panthère, en hibou et en chauve-souris, marchera sur les murs, arrêtera le temps comme on éteint la lumière et effectuera des combos de plus de mille coups comme si de rien n’était avant d’invoquer des instruments de torture dans lesquels elle enverra périr ses ennemis. Un système d’esquive, pas évident à timer au début (et au milieu) (et à la fin aussi, d’ailleurs) vous donnera le droit de ralentir l’action pour mieux voler dans les plumes de vos adversaires. Les boss titanesques que vous croiserez, après vous avoir refroidi quelques minutes, se transformeront en simple formalité une fois que la méthode la plus efficace vous sera apparue.

Bayonetta, Bayo Ketchup

Bayonetta est un jeu relativement exigeant, même en difficulté normale. Sorti la même année que Demon Souls, il ont commun d’être des jeux très « grindables ».

Certains passages des premières heures de Bayonetta semble quasiment faits pour être revisités plus tard avec un meilleur personnage. Pour découvrir des endroits que l’on avait pas repérés, ou disposer des ennemis d’une manière plus expéditive. Tout comme son aîné Devil May Cry, le jeu notera chacun de vos combats, et sera relativement avare en monnaie (des sortes d’anneaux, assez proches de ceux de Sonic, on est chez Sega, en même temps…).

Il sera donc très tentant de faire le jeu en revenant régulièrement en arrière, histoire d’obtenir une meilleure note à tel combat, ou de tester telle meilleure arme sur tel boss rencontré plus tôt, et le menu de sélection de chapitre est là pour satisfaire ce besoin légitime. Si je tentais la comparaison à Demon Souls plus haut, ce qui pourrait faire hurler les « puristes », c’est parce que Bayonetta (et les DMC) partage avec les jeux de From Software cette intransigeance face à l’erreur du joueur tout en lui donnant tous les moyens d’avancer comme il le devrait dans l’espace du jeu.

Évidemment, la mort est moins punitive ici que chez Hidetaka Miyazaki mais l’apprentissage forcé du jeu passe par un rapport au joueur qui est un peu similaire.

Bayonetta, Limbo Bimbo

Ce qui frappe aussi chez Bayonetta, outre sa folie inhérente, qui vous propulse dans des types de jeux différents toutes les 10 minutes, c’est le caractère très outrancier de sa narration et la sur-sexualisation du personnage.

Si on se place du point de vue d’une Anita Sarkesian, qui en 2012, nous livrait un épisode très négatif de Feminist Frequency sur le personnage de Bayonetta (et on peut bien évidemment entendre ses arguments), il y a effectivement quelque chose d’assez choquant dans la manière dont est représenté le personnage principal du jeu.

Après tout, on parle d’une femme qui est très souvent filmée soit les jambes écartées, soit nue, notamment dans les moments où elle utilise les pouvoirs de ses cheveux (qui lui servent d’ordinaire de matière pour constituer ses vêtements) et qui ne peut regagner de la vie qu’en suçant. Alors certes, on parle de sucettes à différents parfums, qui sont les consommables dédiés aux différents buffs de protection, soin, dégâts, etc, mais le regard masculin porté sur le personnage est néanmoins très clair dès les premières séquences du jeu.

Mais il faut aussi replacer Bayonetta et sa représentation dans son contexte japonais, où les personnages d’héroïnes qui cumulent cette sur-sexualisation couplée à une sur-puissance font partie de la culture populaire, notamment véhiculée par le biais des mangas.

Du point de vue japonais, être sexy n’est pas antinomique avec la force et bon nombre de personnages célèbres issus des mangas épousent ces théories selon lesquelles une guerrière n’a pas à se masculiniser ou à cacher sa féminité pour avoir l’air plus menaçante. On va même dans la direction opposée dans ce sens où ici, plus le corps de Bayonetta est dévoilé, plus il faut se méfier d’elle. Mais bien entendu, chacun le percevra selon sa propre sensibilité.

Cela dit, cet aspect est très présent tout au long du jeu, et même si la personnalité du personnage prend peu à peu plus de poids au fur et à mesure que l’on découvre, en même temps qu’elle, son passé oublié, Bayonetta reste cette créature aux proportions physiques improbables qu’il est difficile de concevoir comme un individu plus spirituel que charnel.

Bayonetta, Un Remaster Paresseux

En ce qui concerne l’aspect « Remastered » de cette nouvelle version du jeu, ne vous attendez pas à des prouesses. Les modélisations des personnages sont un peu plus nettes, même si la grande majorité des efforts semblent avoir été dirigés vers Bayonetta elle-même. Le passage à 60 fps est appréciable même si le jeu tournait déjà très bien sur ps3 mais par contre, niveau couleurs et textures, le résultat est au mieux décevant, au pire juste invisible.

Les angles des modèles restent très « ancienne génération » et on ne trouve aucun bonus particulier en 2020 par rapport à 2010. Même les menus, parfois un peu labyrinthiques n’ont pas été améliorés (il faut toujours passer par la sélection des chapitres pour modifier la difficulté au lieu d’y avoir simplement accès à la racine, et charger une partie pour pouvoir sélectionner un chapitre, c’est… fastidieux).

C’est surtout un travail sur la lumière et la colorisation qui fait vraiment défaut ici et qui laisse conserver au jeu son aspect désormais un peu vieillot. Cela dit, ce n’est pas très gênant dans l’absolu puisque ce classique se déguste très bien avec sa patine d’époque.

Bayonetta, Une Mise En Scène Ahurissante

Tout au long du jeu, vous serez amenés à enquêter sur un joyau que les forces du Lumen s’apprête à dérober, « l’œil droit », pierre jumelle de l’œil gauche que Bayonetta porte à son cou et les situations vont vous transbahuter dans des scènes d’action d’une folie délicieuse. Debout sur un missile lancé à pleine vitesse, chevauchant une moto sur un pont autoroutier en train de s’effondrer, au milieu des coulées de lave de l’enfer ou des ruines paradisiaques, jusque dans l’espace, Bayonetta ne s’interdit rien en terme d’action.

Les séquences de combats ont beau être le nerf de la guerre, les courses poursuites surgissent régulièrement entre deux bastons et les boss sont tous plus fous et énormes les uns que les autres, nécessitant souvent de grimper sur leurs immenses silhouettes, à la God of War, pour aller détruire un par un les points faibles de leurs articulations.

Aussi épuisant que jouissif, le gameplay de Bayonetta ne cesse de surprendre et de se réinventer tout au long du jeu. Et si le développement du récit peut paraître un peu poussif par instants, la liberté d’évolution qui est offerte dans les combats fait du jeu un vrai miroir de votre propre implication dans son modèle de style. Il ne s’agit pas de gagner les combats que l’on vous propose, il s’agit avant tout de les gagner avec classe.

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Lisez aussi la critique de Malik sur Vanquish